Interview de Fouzia, Responsable Risques chez 570easi
Un parcours orienté Finance
J’ai fait des études en Finance classique en école de commerce avant de me spécialiser en Finance Islamique en intégrant le master dédié à cette discipline à Paris Dauphine. J’ai travaillé en parallèle pendant une année au sein d’une banque partenaire de 570easi sur le financement Murabaha. J’ai donc travaillé en étroite collaboration avec 570easi.
A l’été 2015, je m’apprêtais à reprendre les études et entamer un cycle de recherche quand j’ai été contactée par Hassan NACIRI, directeur commercial chez 570easi.
J’ai donc décidé, après mûre réflexion, de mettre en stand by mon projet de recherche car je ne pouvais décliner l’opportunité qui se présentait à moi de travailler auprès des leaders de la Finance éthique en France.
Ainsi, j’ai rejoint l’équipe 570easi en août 2015, une équipe exclusivement masculine à l’époque. Nous étions 5 personnes pleines d’énergie et de bonne volonté.
Une évolution qui suit celle de la société
Durant ma première année, j’étais conseillère en contact quotidien avec notre clientèle. Ensuite, j’ai occupé le poste d’analyste risques et à ce jour celui de “Responsable Risques”.
Au cours des 5 dernières années, j’ai vécu de près l’évolution de la société. Nous sommes aujourd’hui une équipe d’une trentaine de personnes, proposant un service de conseil financier et patrimonial de qualité, avec un parcours digitalisé, simplifié et une gamme de produits plus large et plus accessible. Notre moteur étant toujours la satisfaction de nos clients.
Le département Risques : organisation et enjeux
En ma qualité de risk manager, je suis amenée à évaluer le risque des dossiers de demande de financement immobilier et étudier la faisabilité des différents projets de nos clients. J’assure également la coordination avec les différentes parties prenantes, à savoir : les banques partenaires, les notaires et le comité de conformité éthique.
Mon rôle est scindé en deux volets :
1. Un premier volet concernant la conformité éthique des produits : en étroite collaboration avec notre comité de conformité éthique composé d’éminents savants connus et reconnus dans le monde de la finance islamique et membres du comité ACERFI.
2. Un deuxième volet qui porte sur la gestion des risques
La conformité éthique est en effet la pierre angulaire de notre offre, notre raison d’être. Nous lui accordons une importance majeure à tous les niveaux : avant, pendant et après le lancement de nos solutions.
Avant le lancement de toute nouvelle solution, le département R&D valide avec les membres du comité de conformité éthique tous les détails du produit à l’étude avant d’aller plus loin (contrats, flux financiers, etc.).
Une fois le principe de base validé, nous sollicitons les membres du comité de conformité au fur et à mesure du déploiement, pour nous guider face aux contraintes juridiques, réglementaires ou de marché
Enfin, une fois que la solution est lancée, nous devons veiller à la continuité de cette conformité éthique durant toute sa durée de vie, en facilitant les contrôles périodiques du comité.
A titre d’exemple, sur le financement Murabaha, nous soumettons aux membres du comité de conformité un rapport d’audit annuel détaillé contenant l’ensemble des informations au sujet du déroulement des transactions, l’origine des fonds utilisés, les différents incidents de paiement et la manière dont ils ont été gérés, les cas atypiques que nous avons rencontrés, etc. accompagné d’un échantillon de la documentation utilisée durant les différentes étapes du parcours.
Nous garantissons ainsi qu’aucune des autres parties prenantes (à savoir notaires et banques) n’a modifié ne serait-ce qu’une virgule dans les clauses des contrats validés en amont par les chouyoukhs. C’est ce qui permet le renouvellement de la certification d’année en année.
En ce qui concerne le volet risques, le cadre réglementaire français est assez strict. Il s’agit d’un métier encadré par plusieurs organismes, notamment l’ACPR, l’AMF, l’ORIAS et tous les autres organes de contrôle prudentiel. Nous devons donc respecter scrupuleusement toutes les exigences professionnelles du métier afin d’avoir les accréditations nécessaires pour exercer et surtout rester en veille concernant l’évolution de la législation ; tout ceci bien évidemment dans l’intérêt de nos clients.
Du côté des clients, la gestion des risques consiste à étudier la faisabilité des différents projets et leur adéquation avec notre offre d’une part et avec le profil du client d’autre part.
Nous avons une délégation de la part de nos partenaires pour évaluer la solvabilité des projets présentés. Je suis épaulée dans cette mission par Saoussen et Sakina, nos analystes risque chevronnées pour veiller à ne pas mettre les clients dans des situations de surendettement ou les embarquer dans des projets incompatibles avec leur situation personnelle et professionnelle.
Enfin, dans le département que je pilote, nous accompagnons le client dans toutes ses démarches jusqu’à la remise des clés. Nous allons par exemple nous assurer que le bien est habitable avec le notaire, que la banque ait toutes les informations nécessaires pour valider le dossier et acheter dans les délais impartis vis-à-vis du vendeur, que le client puisse emménager et inscrire ses enfants à l’école avant la rentrée, etc. Nous sommes en quelque sorte le chef d’orchestre qui coordonne l’ensemble de ces actions.
Nous sommes souvent face à une clientèle néophyte qui pense pouvoir être propriétaire en une semaine or on est sur des délais moyens de 3 à 5 mois et un processus administratif assez lourd. C’est là que notre accompagnement prend tout son sens.
Les impacts business en période de crise
La crise sanitaire que nous traversons a un impact fort sur le marché immobilier dans sa globalité. Les impacts immédiats que nous avons constaté résultent principalement des mesures relatives au confinement.
Les nouveaux clients qui s’apprêtaient à lancer leurs projets immobiliers ont été contraints — pour une grande partie — de les mettre en stand by à cause de la fermeture des agences immobilières et la suspension des visites de biens. Nous remarquons néanmoins que certains ont réussi à conclure la vente plus rapidement en négociant le prix à la baisse dans les cas où les discussions étaient déjà entamées avec la partie vendeuse.
Quant aux clients engagés dans le parcours d’acquisition, l’impact de la crise se matérialise par un rallongement des délais de réalisation de l’opération, notamment à cause de l’obligation de fermeture des offices notariaux et de certains services étatiques nécessaires pour la conclusion de la transaction.
Notre équipe est mobilisée durant toute cette période et plus que jamais afin d’assurer le bon avancement et l’aboutissement des dossiers en cours. Notre rôle est d’accompagner ces clients dans leurs démarches, leur faciliter les contacts avec les notaires d’une part qui continuent de travailler à distance et avec les partenaires bancaires d’autre part qui assurent également la continuité de leurs services malgré le contexte difficile avec des horaires et des effectifs réduits.
Quid de la reprise ?
Les prémices de la reprise commencent déjà à se faire sentir depuis l’annonce de la date prévisionnelle du déconfinement. Le notaire qui avait prévu des délais de 8 mois au total pour un achat immobilier en période de crise est revenu vers nous pour nous annoncer un retour aux délais habituels à partir du début du mois de mai.
Cette période d’accalmie a été l’occasion pour plusieurs familles de mûrir leur réflexion et entamer le parcours de demande de financement en prenant le temps d’échanger avec l’un de nos conseillers patrimoniaux sur leurs projets et de constituer leur dossier. Après présentation des projets, nous avons délivré un grand nombre d’accords de principes.. des projets qui devraient se concrétiser dès la levée du confinement.
La période de crise a été également pour nous en interne propice à l’émergence de nouvelles idées d’amélioration et de nouveaux projets qui verront le jour dès la reprise…