Le Réseau Pro’Actif a organisé le 22 février 2012 une conférence sur « la Finance Éthique » rassemblant une cinquantaine de convives dans ses locaux situés avenue de Paris à Saint-Mandé.
Dans un contexte financier dominé par l’incertitude et par une crise de confiance envers les marchés financiers, les acteurs économiques sont à la recherche de nouveaux capitaux, de nouveaux investisseurs afin de relancer la croissance.
D’un point de vue national, cela passe également par un effort d’épargne des ménages. Or, le taux de bancarisation en France atteint un taux de saturation de 99% rendant la tâche encore moins aisée. C’est donc dans un contexte de recherche de débouchés que les regards se tournent de plus en plus vers la « Finance Éthique ». Quels sont les principes qui la régissent ? Quel est son potentiel en France ? Et surtout, pourquoi adopter cette manière de commercer ?
Telles étaient les questions adressées à Ibrahim CEKICI, enseignant-chercheur à l’EM Strasbourg et Anass PATEL, Président de 570easi spécialisé dans le financement éthique de projet et ex-Directeur stratégie et investissement Europe du fonds de gestion DTZ-Management.
Au même titre que l’investissement socialement responsable, la finance éthique se propose de moraliser l’économie en adoptant un code de conduite reposant sur deux facteurs :
– Le partage des risques entre vendeurs et investisseurs à travers la règle des 3P (Partage des Pertes et des Profits). Ainsi, tout investissement passe par la création d’une co-entreprise où les acteurs sont propriétaires d’un bien à hauteur de leur contribution. Au fur et à mesure du remboursement de la dette, l’acheteur acquiert des parts de l’entreprise jusqu’au remboursement total.
– L’adossement des investissements sur des actifs tangibles et réels. On ne peut vendre que ce que les actifs réels qu’on possède, bannissant de facto, la vente à découvert (vente d’un actif qu’on ne détient pas, pariant de fait sur la perte de valeur de ce dernier afin de dégager un bénéfice) ou encore la titrisation (revente de créances sous la forme de sociétés ad hoc), etc… Par ce principe, la traçabilité des actifs est garantie évitant ainsi les déboires rencontrés avec la crise des subprimes (la traçabilité des actifs ayant été altérée, la valorisation de ces derniers étaient impossible).
Ce code de conduite est complété par 3 grands interdits :
– L’interdiction de l’intérêt et de l’usure.
– L’interdiction de certains secteurs jugés « non-éthiques » (armement, tabac, alcool, pornographie, … également connus sous l’appellation anglo-saxonne « sin industries »)
– L’interdiction de la spéculation hasardeuse et dangereuse (notamment le très contesté « trading haute fréquence »)
Avec un taux de croissance annuel de 15% à 20%, la finance éthique représente, au niveau mondial, environ 1.000 Mds$ en 2011. Cependant, elle ne pèse que 2% à 5% de la finance conventionnelle. Son potentiel en France est estimée à 15 Mds$. A la question : « La finance éthique s’oppose, à l’intérêt, qui est un pilier de l’économie actuelle. Comment peut-elle s’imposer face à des habitudes si ancrées ? », Anass PATEL répond « être confiant envers les perspectives de croissance de la finance éthique qui ne pourra être impulsée que par un changement des habitudes de consommation ».